Naissance et évolution du nouveau cratère sud-est

par Boris Behncke

L’Etna est un volcan classé au Guinness World Record. Il est non seulement le plus grand et le plus actif des volcans européens, mais aussi le deuxième plus actif – en termes de « productivité » – au monde, après le Kīlauea à Hawaï. L’Etna a produit plus d’épisodes de fontaines de lave (« paroxysmes ») que tous les autres volcans de la planète réunis, y compris les plus hautes fontaines de lave jamais observées dans le monde (4 septembre 1999 et 3 décembre 2015).
Parmi les autres faits qui rendent l’Etna unique parmi les volcans de la planète, il convient de noter qu’en plus des quatre cratères sommitaux, ce volcan compte plus de 300 cratères sur ses flancs, qui ont été construits lors de nombreuses éruptions qui se sont produites non pas au sommet, mais sur ses pentes. La présence même de quatre cratères sommitaux est inhabituelle, surtout si l’on considère qu’il y a un peu plus d’un siècle – jusqu’en 1911 – il n’y avait qu’un seul cratère au sommet de l’Etna, le cratère central, qui est aujourd’hui occupé par deux grands cratères, le Voragine et le Bocca Nuova.

Figure 1. Le nouveau cratère sud-est de l’Etna en éruption avec une activité strombolienne, une fine colonne de cendres et l’émission d’une coulée de lave, dans la soirée du 12 août 2014. La vue est celle de Santa Venerina, sur le versant sud-est du volcan. Photo par Boris Behncke

Ces dernières années, la morphologie de la zone sommitale est devenue encore plus complexe en raison de la formation du nouveau cratère sud-est (Fig. 1). Ce dernier, « petit frère » du cratère sud-est, situé dans la partie sud-est de la zone sommitale du volcan, est certainement le plus fascinant de tous les cratères de l’Etna. L’histoire de ce cratère a essentiellement commencé en 2007 avec l’ouverture d’une dépression sur le flanc inférieur est du cratère sud-est. Dès les 4 et 5 septembre 2007, cette bouche produit son premier épisode paroxystique avec de hautes fontaines de lave et des colonnes de cendres et de lapilli, d’une durée exceptionnelle de 10 heures (en général, les épisodes paroxystiques de l’Etna durent moins d’une heure). Deux autres paroxysmes ont suivi, les 23 et 24 novembre 2007 et le 10 mai 2008. L’éruption latérale de mai 2008-juillet 2009 a interrompu l’activité du sommet, mais dès novembre 2009, une deuxième dépression s’est ouverte sur le bord de celle de 2007, qui, au cours de l’année 2010, lors d’une série d’effondrements, a rejoint la première pour former un énorme cratère unique (« pit crater » ; Fig. 2a).
Fin décembre 2011, des signes d’activité éruptive au niveau du « pit crater » sur le flanc est du cratère sud-est ont de nouveau été observés. Peu après, dans la nuit du 11 au 12 janvier 2011, une série d’épisodes paroxystiques a commencé, qui a conduit dans les années suivantes à la croissance rapide d’un nouveau cône dans le cratère sud-est, officieusement appelé le « nouveau cratère de l’île ».

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